Le Lys rouge
Par une belle matinée du mois de juin, nous étions assis dans l'herbe qui envahissait notre parapet et
cachait nos barbelés et qu'il allait falloir faucher et faner, nous étions assis dans l'herbe haute, devisant
paisiblement en attendant la...
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Le Lys rouge
Par une belle matinée du mois de juin, nous étions assis dans l'herbe qui envahissait notre parapet et
cachait nos barbelés et qu'il allait falloir faucher et faner, nous étions assis dans l'herbe haute, devisant
paisiblement en attendant la soupe et comparant les mérites du nouveau cuistot à ceux de Garnéro que nous
avions perdu à la crête de Vimy, quand tout à coup, cet idiot de Faval bondit sur ses pieds, tendit le bras droit
l'index pointé, détourna la tête la main gauche sur les yeux et se mit à pousser des cris lugubres comme un chien
qui hurle à la mort :
— Oh, oh, regardez!... Quelle horreur !... Oh, oh, oh!...
Nous avions bondi et regardions avec stupeur, à trois pas de Faval, planté dans l'herbe comme une
grande fleur épanouie, un lys rouge, un bras humain tout ruisselant de sang, un bras droit sectionné au-dessus du
coude et dont la main encore vivante fouissait le sol des doigts comme pour y prendre racine et dont la tige
sanglante se balançait doucement avant
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