Ils étaient venus en nombre ce samedi-là, à la médiathèque. Le samedi d’avant. Comme un dernier sursaut de vie, un dernier bain de foule, une dernière sensation de vie normale. Pourtant, normal, ça ne l’était déjà plus. Les gens riaient en se saluant de...
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Ils étaient venus en nombre ce samedi-là, à la médiathèque. Le samedi d’avant. Comme un dernier sursaut de vie, un dernier bain de foule, une dernière sensation de vie normale. Pourtant, normal, ça ne l’était déjà plus. Les gens riaient en se saluant de loin, certains en se rencontrant ne savaient plus s’ils devaient s’approcher ou s’éviter. Les enfants à qui l’on avait répété cent fois de faire un bisou pour dire bonjour ne comprenaient plus pourquoi les règles avaient changées. Certains en parlaient, encore et encore, inlassablement, avec un scénario toujours plus pessimiste et anxiogène. D’autres au contraire étaient dans le déni, luttaient de toutes leurs forces pour se protéger non pas du virus mais d’une nouvelle réalité insupportable. C’était une belle journée, et la vie n’était pas encore devenue tout à fait différente. Il flottait dans l’air un parfum étrange, mêlé de peur, de colère et d’incrédulité. Une atmosphère surréaliste, comme si le monde marchait sur un fil, prêt à ba
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