Je regardais le rocher du Trenze comme d'autres la mer : un vertige d'infini, un rien de sauvagerie. Je me perdais à contempler les crêtes et au-delà, les moutonnements bleutés des montagnes. Je revenais toujours vers cette couronne de pierre sculptée dans...
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Je regardais le rocher du Trenze comme d'autres la mer : un vertige d'infini, un rien de sauvagerie. Je me perdais à contempler les crêtes et au-delà, les moutonnements bleutés des montagnes. Je revenais toujours vers cette couronne de pierre sculptée dans le granit, devenue ma bannière. Je devais sa découverte à un jeune garçon que j'avais connu dans la plaine de la Crau. Jacques devait avoir 11 ans à l'époque quand il est arrivé dans ma classe. Un sauvage, un taiseux mon Jacquot, se transformant en "J..aa.AK"! quand je l'interpellais. Il restait obstinément au dernier rang, la tête tournée vers la fenêtre donnant sur la cour. Rien à faire, s'il n'entendait pas c'était qu'il était le plus souvent dans ses rêves de "chèvre de monsieur Seguin", occupé à faire résonner ses acouphènes familiers : martellement de troupeaux, tintement de sonnailles, aboiement de chiens. Il résistait farouchement à l'ennui, fatigué de devoir rester assis toute la journée. Je le voyais triturer son béret de l
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